L'hypnose dite "de foire" n'a rien à voir avec celle que l'on pratique
Déjà initiée en 2002 avec la précurseur de la démarche Marie-Elisabeth Faymonville, en Belgique, elle a tenu à asseoir ses acquis avec une double formation : « une première sur l'hypnose et la thérapie brève, puis un diplôme universitaire d'hypnose médicale à Bordeaux ». Car l'association entre cette entité, et la médecine fait encore des méfiants. « Tous les jours, on se heurte aux idées préconçues, conçoit Fabienne Ducrocq. L'hypnose dite "de foire" n'a rien à voir avec celle que l'on pratique. Notre rôle, c'est d'accompagner quelqu'un, d'instaurer une relation de confiance ». Et à ceux, alors, qui par scepticisme lui confient ne pas y croire : « Ce n'est pas une religion, à laquelle on croit ou non, répond la spécialiste. Il y a des études, des preuves scientifiques qui viennent notamment confirmer la diminution de la perception de la douleur ».
Si l'essentiel de ses consultations donne lieu à des anesthésies classiques, la part de celles faites par hypnose "est infime. Par mois, cela représente peut-être deux ou trois interventions. Mais quand je suis arrivée à la clinique il y a trois ans, je n'en faisais aucune!"
« On apprend à parler avec de la chaleur »
Bordelaise de naissance, la praticienne avoue trouver là « une bulle dans (son) activité ». Un quasi sas de décompression qui lui permet de « tisser de vraies relations. La démarche est souvent une demande du patient. De plus en plus de personnes ont peur de cette perte de contrôle que peut impliquer l'anesthésie générale. Avec l'hypnose, on travaille le lâcher-prise, la gestion de l'anxiété. Toutes les opérations ne peuvent pas être appréhendées avec cette démarche, certaines étant trop lourdes, mais l'hypnose nous permet d'être aux côtés du patient au début, pendant, et après ».
Développée principalement sur les fibroscopies, coloscopies, cataractes ou encore arthroscopie, l'hypnose médicale est aussi utilisée pour la pratique de certains examens anxiogènes. Depuis deux ans, au service radiologie de la clinique, le Dr Péan fait usage de la pratique « pour permettre la prise en charge de patients claustrophobes ou angoissés. On peut d'ailleurs se sentir tout à fait "normal", et être prise d'une bouffée d'angoisse lors d'un IRM. Cela nous permet d'entrouvrir des portes, de prendre le temps, et surtout de réussir à réaliser des examens ». Il peut désormais compter sur sa manipulatrice radio, formée à la pratique.
Principalement par la voix et le discours, elle est alors chargée de trouver les bons mots. D'ajouter un peu d'humour parfois, le tout avec une finalité commune à tous les domaines : réussir à procéder à l'examen dans les meilleures conditions.
Soucieuse de voir cette technique se développer et se renforcer au sein des services, Fabienne Ducrocq intervient, en plus de sa casquette d'anesthésiste, en tant que formateur auprès de l'association Actiif (*). « Une gastro-entérologue et une psychologue de la clinique sont en train de terminer leur formation », éclaire la professionnelle. À elles, s'ajoutent seize autres personnels de la clinique dont des infirmiers de blocs opératoires et de salles de réveil, pour assurer une continuité postopératoire. Ils vont suivre une formation de cinq jours en accéléré. « Ce qu'il faut garder en tête, c'est que l'hypnose commence bien avant l'opération ; on apprend à parler avec de la chaleur, des mots positifs ».
(*) Actiif hypnose est une association corrézienne dont l'objectif est de promouvoir l'hypnose clinique et les thérapies brèves auprès des professionnels de santé.
Caroline Girard